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Russie: Feux de forêts et sites nucléaires: comment éviter le pire?

Russie: Feux de forêts et sites nucléaires: comment éviter le pire? Les feux de forêt dans la région de Moscou se propagent et menacent des sites nucléaires, dont le site de Mayak, zone de stockage de déchets nucléaires, déjà victime d'un Accident Nucléaire Majeur en 1957. WECF revient sur la situation à Mayak et sur les risques liés aux incendies caniculaires pour ce site et la région de Tchernobyl. Une nouvelle fois, il apparaît que pour l'instant les risques liés à des installations nucléaires ne sont pas maîtrisés, surtout lorsqu'ils sont ici couplés avec des évènements liés au changement climatique tels que les canicules.

Des incendies liés à la canicule…


Depuis quelques jours, les incendies liés à la canicule, qui ont déjà ravagé quelques 200.000 hectares de forêt en Russie créent un nuage de fumée, riche en monoxyde de carbone, faisant doubler le nombre de décès à Moscou, estimé à 700 par jour selon les autorités. Ils représentent une menace d’autant plus grande qu’ils s’approchent dangereusement de sites nucléaires. Alors que les autorités se mobilisent et que l’aide internationale commence à arriver en Russie, la situation apparaît critique.

… qui menacent des sites nucléaires

En effet, outre la perte de biodiversité et de zones boisées sur des superficies très importantes, les feux sont situés dans une région abritant plusieurs sites nucléaires. Parmi lesquels les sites de Sarov à 500 km de Moscou et de Snejensk à 1500 km de la capitale, dédiés à la production d’armement nucléaire, ou encore le centre de retraitement de déchets nucléaires de Mayak situé à 2000 km à l’est de Moscou, sans oublier des zones bordant la tristement célèbre région de Tchernobyl. Autant de raisons de craindre les conséquences sanitaires dramatiques pour la population locale d’abord, et plus largement pour les zones contaminées par d’éventuels nuages radioactifs.

Mayak 1957-2010: une tragédie qui dure

Depuis quelques jours, l’état d’urgence a été déclaré autour du site de Mayak. En réalité, l’état d’urgence y dure depuis 1957, date de l’accident nucléaire majeur qui a coûté et continue à coûter très cher à la région et à ses populations, puisque des milliers de personnes ont été exposées à de fortes radiations consécutives à l’explosion d’un réservoir de déchets. Comme le souligne Nadezhda Kotepova, avocate engagée depuis des années dans la défense des victimes de la catastrophe, et qui collabore régulièrement avec WECF, les cas de cancers et le nombre d’enfants handicapés sont très nombreux autour de la zone. Un incendie viendrait raviver la catastrophe, d’autant plus que de nombreux déchets sont stockés à ciel ouvert sur le site de Mayak.

Les conséquences possibles des incendies autour des sites nucléaires

Selon l’IRSN (Institut français de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), les conséquences des feux de forêt pourraient être de 3 ordres: outre des rayonnements thermiques pouvant dégrader des installations, circuits électriques, etc. il y aurait dégagement de fumées toxiques, auxquelles seraient confrontées les équipes d’intervention, et seuls les déchets nucléaires prêts à être transportés pourraient être déménagés. Pour le réseau Sortir du Nucléaire, qui détaille les risques liés à la situation, « on peut craindre un scénario catastrophe analogue [ à celui de Mayak], c’est-à-dire un accident nucléaire majeur ».

Les zones proches de Tchernobyl menacées


Les incendies s’abattant sur la végétation des zones autour de Tchernobyl pourraient déboucher sur la libération de matières radioactives contenues dans la végétation, comme le césium 137. L’IRSN, tout en se voulant rassurant, reste vigilant: en septembre 2002 déjà de graves incendies avaient touché des zones contaminées par Tchernobyl, provoquant une élévation visible du niveau de contamination du césium 137 dans l’air en France.

On ne saurait que trop encourager la Russie et la communauté internationale, parmi lesquels la France, à faire preuve de réactivité et d’efficacité dans la gestion de cette grave crise écologique qui risque de devenir une crise sanitaire aux conséquences dramatiques si rien n’est fait pour enrayer son ampleur.