Skip to main content
public Climat et développement territorial

Eau durable et potable pour An-Oston – Grace à l’implication des femmes, un village s’engage dans l’auto-gestion responsable et collective de son approvisionnement en eau

local_offer
Eau durable et potable pour An-Oston – Grace à l’implication des femmes, un village s’engage dans l’auto-gestion responsable et collective de son approvisionnement en eau Une journée historique pour An-Oston: 1er février 2016

Une journée historique pour An-Oston: le 1er février 2016 se tenait l’Assemblée générale du Comité communal des usagers de l’eau potable crée dans le village (CDWUU), durant laquelle les villageois ont fixé ensemble et d’un commun accord le nouveau tarif de l’eau, à savoir : 35 soms kirghize / m3 (environ 40 centimes le m3).
WECF coordonne ici avec son partenaire local KAWS– Kyrgyz Alliance for Water and Sanitation, et grâce au soutien de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et de l’Agglomeration de St Omer, la réhabilitation de l’ancien réseau d’approvisionnement en eau qui avait été construit dans les années 1950.  L’eau courante est maintenant accessible à 185 foyers dans le village d’An-Oston, qui en compte au total 274.
Avant la remise en état du système d’approvisionnement en eau, les villageois n’avaient l’accès à l’eau que 2 heures par jour, à partir de 12 bornes fontaines. A cette époque, le tarif facturé était de 15 soms par personne par mois.
Au début de la planification du chantier, en Janvier 2014, le CDWUU avait estimé le nouveau tarif  25 KGS par m³,  mais il était difficile d’anticiper correctement tous les couts de gestion du réseau rénové. Maintenant que presque tous les ménages ont été connectés et les compteurs d’eau installés, le tarif a pu être exactement calculé en intégrant tous les frais de fonctionnement et d’entretien, les réserves financières nécessaires et l’amortissement.
Le nouveau tarif de l’eau de 35 KGS / m3 est donc près de 2,8 fois plus élevé qu’avant les travaux Pourtant voici ce que dit Gulay Seitkazieva, une des femmes leader au sein du village et du Comité communal : « Nous avions besoin d’être d’accord sur le tarif. Maintenant, nous pouvons assurer la durabilité ! »

Retour en images sur la mise en place d’une gestion participative.et durable de l’eau :

KAWS a organisé plusieurs réunions de quartier dans le trimestre qui a précédé la réunion de l’assemblée générale afin d’expliquer la situation et montrer en utilisant des calculs financiers pourquoi les tarifs devaient être augmentés près de 3 fois par rapport à la situation antérieure.
Dans  chaque quartier, les discussions étaient longues et difficiles. «Je ne vois aucune raison pour laquelle nous devrions payer plus que les gens dans les villages voisins Munduz, Ak-Dobo et Chirak? » disaient Almanbet Maldybaev et Akyl Tanabaev. De nombreuses autres personnes ont eu les mêmes doutes et ont exprimé leur mécontentement en comparant les tarifs des villages voisins, compris entre 20 et 15 soms/m3, tandis que le Comite leur proposait un tarif à 36 soms pour An-Oston.
Le comptable et le président du comité des villages voisins ont été invités à l’assemblée générale et ont fait rapport sur leur situation financière. «Si nous pouvions, nous augmenterions directement notre tarif à 30 ou 40 KGS », dit Ainura Usakava, la comptable du Comite de Munduz. En effet, notre Comite frise la faillite en raison de dettes importantes et nous n’avions pas prévu  de réserves dans nos calculs.

« Combien payez-vous pour un paquet de cigarettes? » demande alors Anara Choitonbaeva, directrice de KAWS à l’assemblée générale. « Certaines personnes ici fument un paquet par jour, ce qui coûte au moins 40 soms par jour. Vous devez décider de vos priorités ! »
Le constructeur du nouveau réseau d’eau a contribué à la discussion :« Quel que soit votre décision aujourd’hui, ce sera votre choix – 10, 20, 30 ou même 40 KGS. Et moi, je vous garantis un système réhabilité. Il fonctionnera pendant un ou deux ans sans problèmes. Mais après cette période vous aurez besoin de le maintenir ; il vous faudra quelques pièces de rechange que vous devrez acheter. Ne pensez pas uniquement à ce qui se passe  en ce moment, mais réfléchissez à la durabilité à long terme ! ». Anara Chointonbaeva a redemandé a la comptable et au président du comité de Munduz et Ak-Dobo : « Est-ce que le tarif de l’eau dans vos villages inclut tous ces coûts ? » La réponse était simple : « Non ». Les participants ont peu à peu pris conscience du fait qu’il etait nécessaire d’inclure tous les coûts et l’amortissement dans leur tarif afin d’éviter une situation similaire a celle des villages voisins.
Enfin, après avoir discuté de tous les points de calcul de tarif et près de trois heures de discussions intenses, tous les membres de l’assemblée se sont mis d’accord sur un tarif de 35 KGS par m3. « C’est vrai, nous sommes maintenant convaincues que ce tarif assurera la pérennité de notre nouveau réseau et que nous n’allons pas finir comme nos amis à Munduz.», ont déclaré Almanbet Maldybaev et Akyl Tanabaev à la fin de l’assemblée générale.

Ce projet est mis en œuvre par KAWS et WECF avec le soutien de l’agence de l’eau Artois-Picardie et la municipalité de St Omer, France.