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public Climat et développement territorial

COP23 – Quel bilan en tirer?

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COP23 – Quel bilan en tirer? WECF revient sur les avancées clés des dernières négociations climat à Bonn

Tout en regrettant que la COP23 n’ait pas apporté les progrès nécessaires dans l’ambition de l’action ni pour l’opérationnalisation de l’accord de Paris, ni même un engagement décisif des États dans la transition vers des énergies saines et durables, WECF souhaite donner un coup de projecteur à quelques avancées importantes de ces dernières négociations :

Adoption du Plan d’Action Genre (GAP)

Cette décision pourrait apparaitre mineure à certains, or elle est tout à fait fondamentale. Tout d’abord parce que ce plan d’action représente l’aboutissement d’un travail de plus de 15 ans! C’est le temps qu’il aura fallu pour faire reconnaitre la nécessité de prendre en compte et de corriger les inégalités entre femmes et hommes dans l’élaboration des politiques climat, et pour faire prendre conscience de l’impact positif que cette approche aura dans la lutte des États contre les changements climatiques. En effet, il est bien reconnu aujourd’hui que les femmes sont particulièrement affectées par les impacts climatiques du fait de leur rôle social et des discriminations auxquelles elles sont confrontées. Dès lors, nous ne pouvons plus nous permettre de conduire des politiques aveugles à cette réalité, ni d’ignorer les stratégies et actions d’adaptation ou d’atténuation que les femmes mettent en œuvre au quotidien pour assurer la résilience de leurs communautés et de leurs territoires.

Depuis sa création en 2009, la Women and Gender Constituency, dont WECF est un membre actif, travaille à cette éducation des négociateurs, et depuis 2015 du grand public, à travers des supports pédagogiques, des expositions, et surtout l’organisation du Prix Solutions Genre et Climat, dont vous pouvez découvrir ici les lauréates 2017.

Avec ce plan d’action, que les États se sont engagés à mettre en œuvre dans les 2 prochaines années, nous pouvons atteindre, si les financements sont au rendez-vous, une plus grande participation des femmes, notamment des femmes de communautés locales, aux politiques climat nationales et internationales. Le plan doit aussi assurer une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans de nombreux domaines: accès à l’éducation, l’information et la formation aux technologies climatiques, partage des savoirs et expériences, accès égal aux financements. Enfin, ce plan d’action comprend un volet suivi et évaluation, ce qui permettra de mesurer concrètement les résultats atteints et de demander des comptes aux États.

Adoption de la plateforme des peuples autochtones et communautés locales

Voici un autre résultat positif et important de la COP23: cette plateforme établit de manière formelle la reconnaissance du role des peuples autochtones, y compris les femmes, dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques climat, et valorise les savoirs traditionnels qu’ils et elles détiennent, comme outils fondamentaux de résilience climatique. La plateforme permettra de favoriser les échanges d’expérience et de bonnes pratiques, de renforcer les capacités des communautés autochtones pour favoriser leur pleine et entière participation, en reconnaissant le principe du consentement préalable, libre et éclairé, et en visant pour leurs représentant.es un statut égal à celui des États Parties.

Un pas en avant pour l’agriculture et la sécurité alimentaire


Après six années de tergiversation, les États se sont finalement mis d’accord pour lancer un programme de travail sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, qui devra prendre en compte à la fois l’accès et la disponibilité pour les populations, la préservation de la biodiversité et la réduction des émissions de GES.

Mais trop de décisions sont repoussées à plus tard

Il y a un décalage frappant entre le cri d’alarme lancé par plus de 15 000 scientifiques durant cette COP, et la faiblesse des engagements des pays développés: très peu de nouvelles annonces financières, alors que nous restons très loin des 100 milliards de $ annuels promis pour 2020, pas de progrès non plus sur le financement des pertes et dommages. Les pays industrialisés, oubliant leur responsabilité historique, ne laissent aux pays et aux populations les plus menacées que l’alternative d’une assurance privée, alors que le débat sur les sources de financements additionnelles, comme la taxe sur les transactions financières aurait pu être lancé par la présidence fidjienne, première présidence du Pacifique.
Trop d’occasions manquées pendant la COP23 pour mettre la communauté internationale sur la voie de la transition et de l’action. La France n’a pas su jouer un rôle de leader à Bonn…espérons que le « One Planet Summit » organisé par le Président E. Macron le 12 décembre à Paris sera l’occasion d’annoncer de nouveaux engagements.

Crédit photos : Shubhangi Singh