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Communiqué de WECF sur le conflit avec le groupe rebelle M23 en République démocratique Congo

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Communiqué de WECF sur le conflit avec le groupe rebelle M23 en République démocratique Congo WECF France relaie l'appel à la paix au Nord-Kivu (République démocratique du Congo) publié par nos collègues de WECF International qui sont en contact direct avec des ONG dans la zone de conflit.

Nous souhaitons exprimer notre inquiétude concernant la situation sécuritaire actuelle en République démocratique du Congo (RDC), un pays où nous travaillons avec des partenaires sur des sujets tels que l’intégration du genre dans la conservation des forêts et de la biodiversité, l’accès des femmes aux droits fonciers ainsi que les droits et moyens de subsistance des peuples autochtones.

Depuis le printemps 2022, la province congolaise du Nord-Kivu est en proie à une recrudescence de violences suite à l’offensive lancée par le groupe armé M23, dans la région. Malgré cela, dans un article récemment publié par le Comité International de la Croix-Rouge, la RDC est citée comme étant l’une des nombreuses crises humanitaires ne recevant pas suffisamment d’aide et d’attention de la part de la communauté internationale.

Alors que les forces armées régionales, les forces de maintien de la paix de l’ONU et les agences d’aide internationales sont actuellement sur le terrain, nous insistons sur la nécessité absolue pour toutes les parties au conflit d’investir dans le dialogue et la paix. Conformément à la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, toutes les actions prises dans ce contexte doivent tenir compte des besoins particuliers et des priorités des femmes, des filles et d’autres groupes marginalisés et il est impératif que les femmes fassent partie intégrante des efforts de paix. Nous sommes particulièrement inquiet·ètes du peu d’attention portée à la promotion d’une solution pacifique et diplomatique au conflit armé en cours en République démocratique du Congo. Nous exprimons nos plus profonds regrets aux familles des nombreuses victimes que ce conflit a déjà causées.

Dans la cadre de la Green Livelihoods Alliance (GLA), WECF travaille avec quatre partenaires en RDC, dont deux basées au Nord-Kivu (Programme Intégré pour le Développement du Peuple Pygmée – PIDP et Conseil pour la Terre des Ancêtres – CTA) qui ont été considérablement affectées par l’intensification continue du conflit depuis novembre 2022.

CTA et des femmes rurales du village de Rokoko, territoire de Nyaragongo, lors d’un atelier de sensibilisation en mai 2022.

Il est bien connu que les conflits armés et le militarisme ont des conséquences disproportionnées sur les communautés marginalisées, telles que les femmes dans toute leur diversité, les enfants, les personnes âgées, les personnes LGBTQI, les personnes en situation de handicap, ainsi que les peuples autochtones. Déjà fragilisées par le manque d’accès à l’éducation et aux soins, les communautés autochtones pygmées subissent d’autant plus leur déplacement forcé que leurs moyens de subsistance sont étroitement liés à leurs terres traditionnelles, signale Diel Mochire, directeur régional du PIPD, une ONG qui défend les droits et la souveraineté des Pygmées.

Parmi les nombreuses conséquences du conflit figure le recours aux violences sexistes et sexuelles comme armes de guerre. Il s’agit d’une tactique de guerre utilisée depuis longtemps en RDC, et il semblerait malheureusement qu’elle soit toujours d’actualité. Il a d’ailleurs été démontré que les conflits exacerbent les violences domestiques, les violences sexuelles, la traite des êtres humains ainsi que les mariages d’enfants. En outre, l’avancée du M23 dans l’est du Congo a entraîné le déplacement forcé de dizaines de milliers de personnes, ainsi que de nombreux décès, notamment des exécutions arbitraires d’hommes, de femmes et d’enfants par les forces du M23. Nos partenaires rapportent que de nombreux hommes ont laissé leur famille derrière eux, craignant d’être enrôlés de force dans les forces du M23. De ce fait, les femmes, les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables que jamais. Les conséquences sont ressenties de manière disproportionnée par les femmes qui doivent « chercher de la nourriture et de l’eau, aller chercher du bois et construire des abris » tout en gardant un œil sur les enfants dans les conditions désordonnées et parfois dangereuses des camps.

Dans le camp de Kanyaruchinya, M. Mochire indique que trois personnes seraient mortes en raison du manque d’aide médicale et des conditions de vie difficiles. Il évoque la famine, la malnutrition et l’hygiène. « L’hygiène dans le camp étant presque inexistant, le corps et la santé des femmes se voient menacés » ajoute Patrick Mukanga, directeur du CTA. Les communautés avec lesquelles le CTA travaille se trouvent dans le territoire de Nyiragongo, où beaucoup ont trouvé refuge.

Au-delà de les conséquences évidentes sur les communautés, bouleversées par ces afflux de réfugié·es, les activités de nombreuses ONG ont été perturbées par des manifestations et des menaces d’invasion de Goma, les civil·es ayant reçu l’ordre de ne pas quitter leurs domiciles.

Outre la préoccupation évidente pour les vies humaines, il est important de prendre en compte également les conséquences désastreuses de la guerre et des conflits sur la faune et la flore. « […] cette guerre affecte directement le parc national du Virunga, car les populations y pénètrent pour couper des arbres afin de fabriquer des abris, chercher à manger et de ce fait piéger certains animaux, etc. », explique M. Mukanga. De nombreux animaux peuvent être blessés, directement ou indirectement, et l’inquiétude est grande pour les gorilles de montagne, une espèce menacée présente dans le parc, car les gardes forestiers ne peuvent plus accéder à la zone. Cela met en évidence le risque élevé d’un retour en arrière par rapport aux progrès réalisés par nos partenaires. Malgré le conflit, ils continuent courageusement à aider les communautés à développer des moyens de subsistance alternatifs qui dépendent moins des paysages forestiers, et à encourager la participation significative – en particulier des femmes – à la conservation de la biodiversité et à sa gouvernance. 

Selon les dernières nouvelles, le M23 a accepté de se retirer des zones occupées. Cela dit, beaucoup soupçonnent que cet engagement pourrait ne pas être respecté et ont peu d’espoir que la paix revienne bientôt. 

Nous sommes solidaires de nos partenaires dans la région.

Nous appelons toutes les parties à prendre des mesures immédiates pour désamorcer et démilitariser le conflit et à s’engager dans la coopération.

La violence n’est jamais une solution – ni en RD Congo ni ailleurs dans le monde. Le développement social, environnemental et économique durable et la paix ne peuvent être atteints que par le dialogue et la coopération. Il est nécessaire de réaliser des investissements substantiels dans l’éducation, les soins de santé, l’infrastructure sociale et les solutions environnementales basées sur les droits qui centrent les communautés locales. Nous soutenons le travail incroyable de nos partenaires, qui illustrent quotidiennement des solutions transformatrices justes pour les femmes, qui promeuvent la protection durable de la nature, encouragent les femmes à exercer leurs droits, et montrent qu’un monde au-delà du militarisme et de l’extractivisme est possible. Nous appelons à choisir la paix, le développement durable et la coopération.