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Tickets de caisse: de bisphénol A en bisphénol S comme de Charybde en Scylla?

Tickets de caisse: de bisphénol A en bisphénol S comme de Charybde en Scylla? Substituer le Bisphénol A dans les tickets de caisse, une bonne idée? Oui, a priori, puisque le Bisphénol A est connu pour être un perturbateur endocrinien. Encore faut-il le remplacer par une substance moins dangereuse pour la santé. Or, la Radio Suisse Romande expliquait ce vendredi 29 juillet que les 2 enseignes médiatisées pour avoir substitué le Bisphénol A (BPA) l'ont remplacé par du Bisphénol S (BPS). Alors, gagne t-on vraiment au change?

BPA ou BPS: le choix qui n’en est pas un

Il y a quelques mois, 2 enseignes de distributeurs, Carrefour et U ont annoncé avoir remplacé le Bisphénol A dans leurs tickets de caisse. Or on apprend aujourd’hui qu’elles sont en fait passées d’un Bisphénol à un autre. Car c’est du BPS qui a remplacé le BPA. Le BPA, décrié d’abord à juste titre pour des utilisations impliquant un contact alimentaire, comme les biberons en polycarbonate, interdits depuis ce mois de juin dans l’Union européenne et depuis un an en France. Alors qu’en est-il vraiment du Bisphénol S?

Substituer les substances dangereuses pour la santé: sujet épineux

Parmi la multitude de substances chimiques sur le marché (au moins plus de 100 000 au niveau européen), seul un petit nombre a fait l’objet d’études poussées en termes de toxicité. C’est le cas du BPA, mais pas du BPS: car la famille des Bisphénols est une famille nombreuse. En effet, des substances comme le BPE, BPB, TDP, BPS (Bis(4hydroxyphénol)sulfone) et le HBP sont membres de cette grande famille. Le BPS est lui aussi utilisé dans les plastiques en polycarbonate. D’après une étude de chercheurs de l’université d’Osaka menée en 2006, le BPS se dégrade plus difficilement que le BPA dans les milieux aquatiques. Il serait donc plus persistant dans l’environnement.
Par ailleurs, il aurait lui aussi des effets de perturbateur hormonal, d’après une étude menée en 2005 par une équipe japonaise, puisque son pouvoir d’imitation de l’hormone féminine oestrogène est à peine moins élevé que le BPA, et il a également un pouvoir anti-androgènique.

Lorsque Carrefour, l’une des deux enseignes en cause estime que « il n’existe pas d’autre alternative, et le BPS est moins nocif que le BPA », on peut tout ausi bien répondre que lorsque les données ne sont pas complètes, on préconiserait plutôt ni l’un ni l’autre, car rien ne nous permet d’affirmer que le BPS est sûr.

L’OFSP, Office Fédéral de la Santé Publique suisse estime qu’il vaut mieux utiliser des substances ayant déjà fait l’objet d’études scientifiques en termes de dangerosité, plutôt que de les remplacer par d’autres dont on ignore tout des effets sur la santé mais dont on peut légitimement soupçonner qu’ils sont similaires à ceux des substances qu’ils doivent remplacer.
En attendant, les caissières et caissiers qui manipulent des tickets de caisse à longueur de journée, restent les plus exposé(e)s.

Sources:

Radio Suisse Romande, On en parle, Enquête d’Yves-Alain Cornu, émission du 29 juillet 2011

PubMed, Water Sci Technol. 2006;53(6):153-9. Biodegradation of a variety of bisphenols under aerobic and anaerobic conditions. Ike M, Chen MY, Danzl E, Sei K, Fujita M. Source Department of Environmental Engineering, Osaka University

Comparative Study of the Endocrine-Disrupting Activity of Bisphenol A and 19 Related Compounds, Shigeyuki Kitamura,1 Tomoharu Suzuki, Seigo Sanoh, Ryuki Kohta, Norimasa Jinno, Kazumi Sugihara, Shin’ichi Yoshihara, Nariaki Fujimoto, Hiromitsu Watanabe, and Shigeru Ohta, Graduate School of Biomedical Sciences and †Research Institute for Radiation Biology and Medicine, Hiroshima University, Kasumi 1-2-3, Minami-ku, Hiroshima 734-8551, Japan