Skip to main content
Climat Genre Projets de solidarité internationale

Projet REGAIN : une première année riche en avancées

Projet REGAIN : une première année riche en avancées Depuis février 2022, WECF France coordonne le projet « Renforcer l’Egalité de Genre pour l’Ambition Internationale et Nationale (REGAIN) des politiques climats », prévu sur 3 ans et mis en œuvre dans 3 pays. Retours sur une année riche en activités et évènements.

Le programme REGAIN, co-financé par l’Agence Française de Développement dans le cadre du Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (FSOF) et par la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, est mis en œuvre sur le terrain par nos partenaires, structures féministes locales, Cameroon Gender and Environment Watch (CAMGEW) au Cameroun, la Coalition des Femmes Leaders pour l’Environnement et le Développement Durable (CFLEDD) en République démocratique du Congo (RDC) et Enda Colombia en Colombie. En renforçant et en faisant reconnaitre la place et le rôle des femmes dans la protection de l’environnement au sens large, son objectif global est de contribuer à des politiques climatiques plus ambitieuses et inclusives, intégrant pleinement l’égalité de genre et tenant compte des nouveaux enjeux sanitaires.

Au Cameroun, des communautés sensibilisées aux feux de brousse et des centaines de femmes formées aux techniques d’apiculture

L’objectif de CAMGEW au Cameroun est d’inclure les femmes dans la protection de la forêt, en les formant à des activités génératrices de revenus dans l’apiculture et l’agroforesterie, des domaines traditionnellement réservés aux hommes. Depuis un an, l’équipe de CAMGEW travaille en étroite collaboration avec les autorités traditionnelles locales des villages des régions Ouest et Adamaoua afin d’organiser des formations en production de miel, extraction de cire d’abeille, construction de ruches et agroforesterie dans ces territoires éloignés des grands centres urbains. En décembre, des femmes locales ont également été formées à la production de combinaisons d’apiculture et d’enfumoirs. Au total, ce sont plus de 400 personnes qui ont déjà été formées, dont plus de 80% sont des femmes. Ces actions de terrain créent à la fois un changement progressif dans les mentalités des communautés et permettent aux femmes de développer leurs propres activités d’entreprenariat afin d’obtenir plus d’autonomie financière.

Les femmes du village à Mayo Darle (Adamaoua) recevant leurs plants pour commencer leur activité d’agroforesterie

En plus des formations et sessions d’éducation environnementale, des spots radio en langues locales ont également été diffusés sur les radios communautaires afin de sensibiliser aux causes et effets des feux de brousse, un enjeu majeur dans un pays recouvert à 40% de forêt tropicale. En faisant passer leur message à la radio, CAMGEW a pu toucher environ 500 000 personnes difficiles à atteindre car vivant dans des régions reculées. Cette sensibilisation est d’autant plus importante avec l’arrivée de la saison sèche, durant laquelle les feux de brousse sont les plus fréquents. Afin de prévenir les rivalités entre communautés locales, CAMGEW a aussi entrepris de mettre en place des espaces de paroles et de résolution de conflits entre éleveur.ses, apiculteur.rices et cultivateur.rices

Les bénéficiaires du projet à Bankim (Adamaoua) avec les ruches qu’elles ont apprises à construire

En RDC, un réseau national de formatrices aux droits fonciers et aux techniques de plaidoyer se crée

La Coalition des Femmes Leaders pour l’Environnement et le Développement Durable (CFLEDD) vise à renforcer les droits fonciers des femmes rurales et autochtones, détentrices de savoirs culturels et ancestraux protégeant l’environnement, sur le vaste territoire congolais. En 2022, la RDC a beaucoup souffert de l’inflation et des pénuries de carburant qui ont causé des perturbations sur le réseau de transport aérien national. L’avion étant le seul moyen de circuler dans le pays, les activités du projet en ont pâtis. Malgré cela, les formations de formatrices ont pu avoir lieu dans 6 provinces cibles du projet : Nord-Ubangi, Sud-Ubangi, Tshopo, Mongala, Equateur et Mai Ndombe.

Ces formations ont pour but de former des femmes leaders dans ces provinces sur les lois foncières et les techniques de plaidoyer, afin qu’elles puissent à leur tour former les femmes locales dans leurs propres territoires et qu’elles puissent faire valoir leurs droits. Au total, grâce à ces formations, c’est un réseau de 60 formatrices actives qui s’est créé pour renforcer les capacités des femmes rurales et autochtones à obtenir la reconnaissance de leurs droits fonciers. Ces formatrices ont déjà commencé à organiser des formations pour les femmes locales de leur province. En septembre, l’équipe de WECF France a également rendu visite à la CFLEDD pour une mission de suivi et coordination du projet.  

Les nouvelles formatrices en lois foncières et techniques de plaidoyer à Gbadolite (Nord-Ubangi)

En Colombie, 4 associations de récupérateur·rices de déchets sont accompagnées vers la formalisation

À Bogota, Enda accompagne depuis 2012 les récupérateur·rices du quartier de Suba pour leurs besoins de base (eau, nutrition, éducation), mais aussi plus stratégiques (reconnaissance, inclusion, participation à la vie publique et citoyenne). Bien que les récupérateur·rices soient des acteur·rices incontournables dans la gestion durable des déchets, ils et elles continuent de souffrir des préjugés de la population à leur encontre et vivent dans des situations extrêmement précaires, financièrement, sanitairement et socialement.

Une des récupératrices de l’association Aire Urbano sur sa route de collecte pendant la session de géoréférencement avec l’équipe d’Enda

Dans le cadre de REGAIN, Enda a identifié 4 associations de récupérateur·rices qui seront accompagnées dans leur formalisation tout au long des 3 ans du projet, un processus indispensable pour intégrer les services municipaux de gestion des déchets et bénéficier ainsi de revenus stables. Si ces associations ont déjà atteint plusieurs étapes de la formalisation, elles rencontrent néanmoins des difficultés à la finaliser, faute notamment de moyens techniques et financiers.

Dans un premier temps, Enda a évalué les besoins de ces associations grâce à une série d’entretiens, surtout en termes de formations et de renforcement de capacités. Ensuite, le processus de géoréférencement des routes de collecte de chaque bénéficiaire, étape clé de cette formalisation, a pu commencer et a été finalisé pour la plupart des récupérateur·rices des 4 associations, tandis que les premières formations sur le genre et le climat ont été organisées pour renforcer leurs compétences en plaidoyer. Au cours de l’année, des journées de sensibilisation dans les écoles et auprès des citoyen·nes et résident·es ont aussi été organisées permettant de sensibiliser à l’importance du tri des déchets recyclables, tout en créant un lien entre eux/elles les récupérateur·rices. En parallèle, l’équipe d’Enda est en cours de rédaction d’un document de diagnostic de la situation actuelle du recyclage à Bogota, depuis la perspective des récupérateur·rices et des usager·ères, faisant suite à une longue enquête auprès des principales parties prenantes et qui servira de document de plaidoyer dans les prochaines étapes du projet.

Formation sur les notions genre et climat pour les récupérateur·rices de Suba

Accompagnement stratégique et renforcement des capacités des organisations partenaires

En parallèle de la coordination du projet, WECF a également mis en place un programme d’accompagnement des structures partenaires pour étendre leur plaidoyer à l’échelle nationale et faire reconnaitre leur contribution dans les feuilles de routes climatiques de leurs pays respectifs, notamment dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national (CDN).

C’est dans ce contexte que les trois organisations ont pu participer à des évènements onusiens en 2022. En juin 2022, la représentante d’Enda Colombia s’est rendue à Bonn dans le cadre des intersessions de la CCNUCC. En novembre, les trois partenaires REGAIN ont participé à la COP27 en Egypte, notamment en tant que panélistes lors de side event mais elles ont aussi eu l’opportunité de rencontrer des décideur·euses politiques. C’est également durant la COP qu’a eu lieu la formation, organisée par WECF, sur la gouvernance climatique et le plaidoyer, ainsi qu’un atelier sur la communication avec les médias.

Anne Barre (WECF) introduit la formation sur le plaidoyer et la gouvernance climatique durant la COP27
Sevidzem Ernestine Leikeki (au milieu), représentante de CAMGEW, panéliste lors d’un side event à la COP27 à Charm el Cheikh